APIC MX : « Une grande victoire du collectif »

Le 28 janvier 2012

Ils contestaient les conditions de leur licenciement, fin 2001. Jeudi, la Cour de cassation a confirmé la décision de la cour d'appel de Caen, leur donnant gain de cause.

Les salariés contestaient les conditions de leur licenciement fin 2001, après la chute du fleuron normand de l'électroménager. En appel, à Caen, ils avaient perçu en moyenne 18 000 € d'indemnités, pour licenciements « sans cause réelle et sérieuse ». Des sommes maintenant définitives.

« Soulagement »

La décision d'hier concerne 190 salariés. Ils travaillaient dans les usines de Bayeux, Falaise et Cormelles-le-Royal (près de Caen), fermées après le dépôt de bilan. L'arrêt concernant près de 600 autres dossiers est attendu le 8 février.

« C'est un soulagement. On a été reconnus », soufflent Maurice et Maryvonne, anciens de Cormelles. Une question « de principe », au-delà de l'argent des indemnités. En 2001, « on a été éjectés comme des malpropres, lâchés dans la nature. Cela a mis notre vie en l'air. »Maurice, 49 ans à l'époque, n'a pas retrouvé de travail : « Trop vieux. »

Ouvrière trente-huit ans à Cormelles, Saba glisse : « Cette fois, c'est débloqué. Je me sens très bien. » Mireille rebondit : « Cela leur fait voir qu'on n'est pas des petites choses, qu'on sait se défendre. » Michel, à son tour : « Depuis dix ans qu'on se bat... » Jacqueline et Sylvie pensent « à ceux qui sont partis ».

Présidente d'Apic-Mx, l'association des anciens salariés de Cormelles (600 adhérents), Maguy Lalizel résume : « Aujourd'hui, c'est une grande victoire du collectif. La solidarité n'est pas un vain mot. Je suis super heureuse pour les gens. Les personnes en galère vont pouvoir repartir du bon pied. » Coordinateur projets d'Apic-Mex, Jean-Louis Jutan parle d'une « une double victoire : juridique et du maintien du lien social ».

« Combat exemplaire »

Maguy Lalizel évoque un combat « exemplaire » : il « peut être demain celui d'autres salariés. Ce n'est pas parce qu'une boîte ferme qu'on doit rester au bord de la route ».L'Apic-Mx fait partie du Mouvement national des chômeurs et précaires. « Très contente »également, Danielle Morvant (Sud industrie). Comme tous, elle espérait bien cette « bonne nouvelle », qui devrait faire « jurisprudence derrière » pour les dossiers en cours d'autres Moulinex.

Gilles Durand, leur avocat avec Coralie Loygue, a esquissé un geste de victoire quand sa collègue l'a appelé de Paris pour annoncer la décision. Tous deux se sont fortement investis dans le dossier. Debout, les salariés l'ont applaudi. « C'est une grande émotion. Indicible »,glisse-t-il.

Après la chute de Moulinex, fleuron normand de l'électroménager, 3 200 personnes avaient été licenciées. Une autre procédure judiciaire est en cours, au pénal.

Virginie JAMIN. OUEST FRANCE

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